Des amis des Frères Musulmans derrière la grande mosquée de Metz
LL’Union des associations cultuelles et culturelles des musulmans de Metz a gagné son pari. Son projet de grande mosquée va enfin pouvoir se concrétiser sur un terrain municipal de 12 000m2 loué pour seulement 15 euros par an. Le maire socialiste Dominique Gros, soutenu à l’époque par l’UMP, s’était pleinement engagé en 2013 avec ce bail qui est un énorme cadeau à l’association. Aussi, une dérogation spéciale de la mairie permet au minaret de culminer à 35 mètres malgré un plan d’urbanisme ne permettant pas de dépasser 17 mètres. Un budget colossal de 15 millions d’euros, grâce à des donateurs étrangers dont les identités n’ont pas été dévoilées. D’autant que les frais de fonctionnement annuels couteront 1,5 million.
Le Républicain Lorrain du 10 février 2018 présente la grandiloquence du lieu : « Le projet se décompose en trois pôles. Le pôle cultuel et ses annexes avec sa grande salle de prière ; le pôle éducatif avec une salle de cours et de formation (350 élèves pourront être accueillis simultanément pour, entre autres, un apprentissage de l’arabe, du soutien scolaire ou des cours de calligraphie), une bibliothèque et un musée ; un pôle service avec restaurant et hammam. « Les deux derniers pôles ont pour but d’aider à l’autofinancement du projet », explique Raymond Beller, président. « Nous voulons organiser des conférences, événements, kermesses, fêtes religieuses, colloques à caractères variés. Par exemple, comme toutes les religions, nous avons des réponses à apporter sur certaines questions sociétales. Nous pourrions faire venir des chercheurs, dans tous les domaines, pour faciliter le dialogue, rompre les méconnaissances, s’informer. »
L'UACM est une association créée spécialement pour mettre sur pied un projet de grande mosquée, regroupant cinqassociations islamiques de la ville, dont deux sont turques, l'une L’Amicale turc et français dépendant du DITIB, ministère islamique de la Turquie, l'autre, le Millî Görüs, mouvement islamiste partenaire des Frères Musulmans sur la scène mondiale, œuvrant aussi pour un califat politique. D’ailleurs, sur la page officielle Facebook de la grande mosquée, celle-ci remercie le Millî Görüs pour avoir aidé à l’organisation de sa kermesse de l’été 2019.
Haydur Sahin de L’Amicale turc et français insistait sur la visibilité symbolique du monument : « Il faut que ce soit un bel endroit d’accès facile, pas loin du centre-ville. Il faut que ça soit visible de l’autoroute. Que ça donne une belle image de Metz pour toute l’Europe.»
Le Républicain Lorrain avait interrogé les différents responsables des associations qui portent le projet (édition du 20 février 2009) qui va enfin éclore, et Mohammed Kaddouri de l’association Clémence avouait vouloir chercher un imâm issu de l’école d’imâms de l’UOIF à Château-Chinon, principal centre de Frères Musulmans en Europe : « J’aimerais une mosquée grandiose, avec un bel endroit de 1000m2 minimum. Je verrais bien un restaurant hallal. Plutôt une bibliothèque et des locaux. Il ne faut pas que ça soit éloigné. C’est à la mairie de choisir le lieu. Nous, on encourage un imam venant de Château-Chinon et de Paris».
L’imâm de la mosquée, Mohamed Hicham-Joudat organise ses séminaires dans la mosquée UOIF de Woippy en attendant la fin des travaux. Il souhaite l’extension du concordat d’Alsace-Moselle à l’islam afin d’obtenir les mêmes avantages que les autres confessions : professeurs d’islam dans les écoles publiques payés par les contribuables, mosquées construites sur fonds publics et imâms rémunérés de la même façon. Mohamed Hicham-Joudat a fondé en parallèle le Conseil Lorrain des Imâms, aumôniers et prédicateurs, dont les séminaires sont présentés par les Frères Musulmans Ahmed Miktar de la mosquée UOIF de Villeneuve d’Ascq et Azzedine Gaci de Villeurbanne.
Les liens sont d’autant plus clairs avec les Frères Musulmans que l’UACM avait son stand au salon annuel du Bourget de l’UOIF (rebaptisé Musulmans de France) en 2017. Salon où nous nous étions rendu photographier l’abondante littérature djihadiste des Frères Musulmans.
L’UACM participe aussi activement dans la déclinaison régionale du salon islamiste à Mulhouse, comme lors du 26 novembre 2017 où on retrouvait en conférencier Ahmed Jabbalah et Hassan Iquioussen. Ce dernier était encore mis en une de la page Facebook de la grande mosquée en avril 2019 :
Lors d’une conférence du 14 janvier 2013 à la mosquée de Saint-Denis de La Réunion, filmée sur Dailymotion, ayant pour thème l’engagement des musulmans dans la société, Iquioussen faisait le point sur les différents combats à mener. Ecoutons-le :
« Le sommet de l'islam c'est quoi ? c'est l'effort pour la religion [Jihâd] (…) l'imâm Ibn Qayyim explique ce qu'est le djihâd en islam il dit il y a 13 degrés, Il y a 13 niveaux de Jihad (…) le jihâd contre le nafs [soi-même] le jihâd contre le shirk [paganisme/idolâtrie/association de divinités] . Après, il y a le jihad contre le munkar [mauvaise action ; abominable ; qui provoque l'aversion], le jihad contre les hypocrites (...) et il [Ibn Qayyim] met au 13eme rang le Jihad armé contre l´ennemi extérieur.(...) la vie du musulman c'est un effort en permanence pour la promotion du bien et de la, pour répandre sur terre la miséricorde et le combat contre l'injustice, le mal [...]Le musulman doit être dans l´action pas dans la réaction. Si l'ennemi choisi le champ de bataille tu as perdu la bataille (…) Nous devons contrecarrer la stratégie du diable. »
Les 13 niveaux de Jihad font référence à la classification du juriste Ibn Qayyim Al-Jawziyyah (1292-1350), qui comprend le jihad armé. « le djihâd est de quatre sortes : « le djihâd contre ses propres passions (jihad an-nafs), le djihâd contre Satan (jihad ash-Shaytan), le jihâd contre les mécréants (jihad al-kuffar) et les hypocrites (al-Munafiqeen) et le djihâd contre les gens de l’injustice et de l’innovation (Jihad ahlu) ». Ce passage extrait de son livre Les Types du djihâd, est un grand classique du droit musulman, l’auteur ayant été l’élève de Ibn Taymiyya (1263-1328), un des juristes sunnites des plus apprécié encore à notre époque. Al-Jawziyya précisait bien que, si le combat contre les hypocrites devait se faire le plus souvent « avec la parole », en revanche, celui contre les mécréants s’appliquait « avec les mains ».
Dans une autre conférence , sur l’histoire de l’empire Ottoman en janvier 2013, Iquioussen se réjouit des révolutions islamiques ayant porté les Frères Musulmans au pouvoir en Tunisie et en Egypte, et rappelle le devoir pour tous les musulmans de chercher à réinstaurer un système politique islamisé préservé de la laïcité européenne. Les prises de pouvoir par des partis islamistes sont un préalable à leur réunion au sein d’un nouveau califat, idée force de la confrérie : « La cinquième phase, le retour du califat. Le prophète annonce après cette période la plus obscure de l’histoire de l’islam [il parle précédemment de l’époque coloniale et de l’abolition du califat ottoman par Mustapha Kemal en 1924], et nous sommes dans la transition, vous voyez ce qui se passe dans les pays musulmans, les révolutions, les soulèvements, qui sont le fruit d’une éducation de la part des musulmans nostalgiques de leur passé. Il fut un temps où nous étions les meilleurs, nous avons construit une civilisation extraordinaire, qui a permit dans cette sphère géographique, à toutes les communautés de vivre en convivialité ». Il prend ensuite l’exemple du projet de nouvelle constitution des Frères Musulmans en Egypte basée sur la charia au moment où il parle, qui prévoyait une justice séparée pour les coptes. « Chaque communauté qui a ses propres lois, pourra jouir de cela » se réjouit-il.
Iquioussen continue d’exposer sa stratégie pour un retour du califat, où les lettrés et les savants de l’islam auront pour rôle de « ramener les musulmans dans le giron de l’islam pour recréer cette entité politique qui a pour objectif de permettre aux musulmans de vivre leur foi dans tous les domaines : économiques, politiques, et tout ce que vous voulez. Donc le califat est en train de revenir, ça va prendre du temps mais il y a un début à toute chose, regardez : révolutions, on renverse les tyrans despotes, d’accord, qui étaient tous laïcs, islamophobes. » Référence à Mouamar Khadafi, Hosni Moubarak, Bachar el Assad, qualifiés de musulmans superficiels et d’hypocrites par le prédicateur, qui enchaine : « Et le califat est de retour, les pays musulmans vont se libérer de la tyrannie, après ils vont se libérer de la tutelle occidentale [alors même que ce sont les Etats-Unis qui ont soutenu activement les Frères Musulmans en Tunisie et en Egypte! ] car le néo-colonialisme est toujours présent, et ensuite ils vont s’unir pour revenir au système califal, ce dont le prophète Muhammad dit : ‘tout musulman qui décède sans avoir prêté serment à son chef, au calife, le premier responsable, il décède avec de l’hypocrisie dans le cœur’. Ce qui veut-dire, poursuit Iquioussen, que les musulmans doivent tous faire des efforts pour atteindre un objectif qui est de vivre sous l’autorité politique islamique qui va leur permettre de pratiquer leur religion ».
Lors d’une autre conférence, Iquioussen prend la défense de Hassan al-Banna (1906-1949) et Yussef al Qaradawi (1926-), respectivement le fondateur des Frères Musulmans et son principal « savant » actuel. A la question d’un fidèle formulée ainsi :
Iquioussen répond :
Une affirmation farfelue destinée à créer un sentiment de revanche envers la France. A l’époque, en 1949, le roi Farouk est certes entre les mains des anglais, et des agents de sa police sont effectivement les suspects les plus sérieux, mais aucun historien ne pointe la France comme faisant partie d’un complot ayant voulu supprimer le fondateur des Frères Musulmans.
Aucun doute n’est possible quant au soutien de Iquioussen aux Frères alors qu’il qualifie en conférence Youssef Al-Qaradawide « pape de l’islam » car « il est le savant qui fait l’unanimité chez la majorité des savants ».
Pour terminer de cerner cet islamiste apprécié à Metz, il convient de le citer sur le génocide arménien. Dans une conférence d’octobre 2013 à la Grande mosquée de Dunkerque (qui fut inaugurée par le sénateur-maire PS de la ville en 2013, Michel Delebarre) le prédicateur de l’UOIF niait le génocide arménien :
« Cinq cent mille arméniens ont fait pression sur l’ex président de la France Sarko pour qu’il vote une loi pour condamner les turcs, pour un péché qu’ils n’ont pas commis. On est bien d’accord, le pseudo génocide arménien. La loi n’est pas passée hein, donc je peux dire que ça existait pas. Si la loi était passé, alors là je ferme ma bouche. Vrai ou faux ? Si la loi était passée je ne pourrais pas dire que le génocide arménien n’existe pas, parce que la loi me condamne. Donc là je peux m’éclater ! Regarde je parle, il n’y a pas eu de génocide, et j’ai les preuves historiques qu’il n’y a pas de génocide »
Ainsi , pour toutes ces raisons, le projet de grande mosquée de Metz, « fréro-compatible », est un danger pour la société française.